Séminaire du 19 novembre
Intervenants
Des membres de l’APEI de Lille (personnes en situation de handicap, administrateurs)
La participation des personnes en situation de handicap aux instances associatives
Depuis l’adoption de la Convention des Droits des Personnes Handicapées, les associations gestionnaires d’établissements ou de services sont encouragées à favoriser la participation directe des personnes handicapées aux instances associatives.
C’est un des 5 principes majeurs de gouvernance défini par l’UNAPEI dans son projet associatif. L’Unapei entend promouvoir la pleine et effective participation des personnes handicapées dans ses instances associatives, à tous les niveaux du Mouvement. Les statuts de l’association doivent donc reconnaître la place des personnes handicapées adhérentes en tant que membre actif, au même titre que les parents et les amis. Certaines associations du Mouvement qui ont déjà mis en oeuvre la participation des personnes handicapées aux instances associatives prévoient un collège dédié aux personnes handicapées au sein du conseil d’administration. L’Unapei quant à elle a fait le choix de ne pas prévoir de collège spécifique et d’indiquer que le conseil d’administration est composé au moins de deux tiers de parents ou de personnes handicapées.
Dès lors qu’une personne handicapée est élue en tant qu’administrateur, celle-ci doit avoir les mêmes prérogatives que les autres administrateurs et ainsi avoir une voix délibérative sur toutes les questions portées à l’ordre du jour de la séance (action familiale, gestion des établissements, fonctionnement associatif…). L’APEI de Lille s’est lancée dans ce processus en proposant à deux personnes en situation de handicap de participer au CA, sans avoir encore le statut de membre délibératif, celles-ci sont accompagnées dans cette démarche, préparent les réunions et donnent leur avis au sein de cette instance.
Lors de ce séminaire nous aurons l’occasion d’entendre comment l’APEI de Lille a mis cette orientation en oeuvre : comment cela se passe sur le terrain, quelles questions cela pose aux différentes parties prenantes ? Comment les personnes directement concernées le vivent ? Ce que cela a changé au niveau de l’association ?
Informations et inscriptions
Jean-Philippe COBBAUT
jean-philippe.cobbaut@univ-catholille.fr
Présentation du séminaire annuel
Au long des trois années académiques précédentes, ce séminaire commun aux équipes HADéPaS et Centre d’Ethique Médicale a approfondi tour à tour des problématiques partiellement croisées :
- la « quantification du care » et ses effets sur les parties prenants des politiques et organisations de santé : https://hadepas.wordpress.com/2017/07/17/peut-on-quantifier-le-care/
- l’articulation des différents types de savoirs dans les dynamiques participatives : https://hadepas.wordpress.com/2018/11/09/conference-marion-carrel/
- la mobilisation des personnes considérées comme « plus vulnérables » : https://hadepas.wordpress.com/2019/12/17/mobilisations-et-vulnerabilite/
Un point focal essentiel de ces séminaires, dans les champs sanitaire,médico-social et social, est l’organisation (de santé, de travail…) comme dynamique collective et les effets sur celle-ci d’une approche présentée comme « inclusive » (Ebersold, 2005, 2015).
Le mot d’ordre de l’inclusion, porté par l’OCDE, l’UNESCO ou encore l’ONU, se décline aujourd’hui dans plusieurs domaines, notamment l’éducation (Buisson-Fenet et Rey, 2018) et l’emploi (Jory, 2019). De multiples démarches émergent pour favoriser la participation sociale et l’accès aux droits des personnes (Baudot et al., 2013). Dans des démarches dites « inclusives » (Marie-Montagnac, 2019), des établissements et services transforment leurs modalités de régulation, l’organisation de leurs activités professionnelles, engagent une ouverture vers d’autres secteurs ou inventent de nouveaux accompagnements (Bertillot and Rapegno, 2018).
Ce séminaire explorera les effets multiples et réciproques des transformations organisationnelles contemporaines menées au nom de l’inclusion, en termes de :
- politiques publiques ;
- dynamiques sociales et gouvernance des organisations ;
- savoirs utiles à l’évolution de l’organisation et l’apprentissage organisationnel ;
- finalités et identités professionnelles.
Chaque intervenant fondera son propos sur une recherche concrète de terrain, présentée lors du séminaire, pour en généraliser les résultats et la portée lors d’une discussion ouverte et plus générale.
En 2020, suite à la pandémie liée à la COVID-19, les retours de terrain pointent parfois un recul des processus inclusifs, au motif d’une sécurisation maximale et d’une prévention poussée à son paroxysme. Des restrictions de citoyenneté et de contributions des bénéficiaires, eux aussi « de première ligne » selon l’expression consacrée par les discours publics, sont aussi rapportés. Mais dans d’autres contextes, c’est au contraire une construction collective renforcée et des effets de reconnaissance mutuelle qui voient le jour. Sans tirer de conclusions fermes sur cet épisode pandémique encore en cours, le séminaire gardera cet évènement en toile de fond du mouvement inclusif de transformation des organisations de soin et d’accompagnement.