La 3ème promotion du Diplôme Universitaire Humanisme et Politique vient de faire sa rentrée. Les 24 participants se sont réunis à Cluny mi-octobre pour une première session. En novembre ils se retrouvent au Centre Sèvres à Paris, puis à l’Université catholique de Lille en janvier 2024 et au Campus de la Transition à Forges en avril 2024.

Ce Diplôme Universitaire leur propose de penser et vivre leur engagement, de revisiter les fondements théoriques et pratiques de la vie politique dans une vision humaniste au service du bien commun.

Questions à Julien Navarro, maitre de conférences en science politique au laboratoire ETHICS de l’Université catholique de Lille.

Qui est à l’origine de ce Diplôme ? Quelles sont les volontés de ses promoteurs ?

Quatre partenaires ont rassemblé leurs expériences sur la question de l’engagement, ainsi que leurs pratiques de formation dans ce domaine, pour répondre à des demandes présentées par des personnes engagées dans la vie associative, syndicale, politique, dans les entreprises ou l’administration.

Ces quatre partenaires sont :

Esprit Civique, cercle de réflexion à l’interface de la société civile et de la politique, créé en 2013 en présence de Jacques Delors. Jérôme vignon en est l’un des animateurs.

Le Centre Sèvres Paris, Facultés jésuites de théologie et de philosophie qui se propose de former des acteurs capables de discernement et d’engagement.

Le Campus de la transition, organisme de formation à la transition écologique et sociale et éco-lieu expérimental des modes de vie sobres et solidaires.

L’Université catholique de Lille dont on rappelle que le projet pédagogique est fondé notamment sur les principes de l’enseignement social-chrétien.

Les travaux et les expériences de ces fondateurs sont très imprégnés de la pensée sociale de l’Eglise, du personnalisme d’Emmanuel Mounier, qui met l’accent sur l’importance de la personne humaine et cherche à la replacer par rapport à la communauté.

Quels sont les objectifs de cette formation ?

Nous voulons mener un travail de fond sur les raisons de l’engagement social et politique, réfléchir à ce qui fonde le désir d’agir : pourquoi est-ce que je m’engage pour une cause ? On s’aperçoit que l’engagement se fait rarement seul, c’est une démarche qui relie. Le fait de s’engager pour l’environnement, pour les migrants, pour son territoire, tout cela participe du vivre ensemble. « Je vais trouver satisfaction car je vais m’insérer dans un collectif et tout cela donne du sens, autant pour moi que pour le collectif » nous disent les participants au DU.

Tout au long des quatre sessions, nous proposons des débats, des témoignages, des ateliers pratiques de réflexions et d’échanges. Ce qui permet de développer son esprit critique, une bonne capacité d’analyse. D’exercer l’aptitude au discernement personnel et la capacité à faire des choix.

Ce DU n’est pas dans une logique utilitariste : il ne veut pas être un « kit » du futur élu municipal, du futur syndicaliste, du futur animateur d’association caritative. Nous ne sommes pas dans la recette. Mais bien la réflexion sur le sens de l’engagement personnel par rapport à un collectif. Notre société a besoin d’acteurs engagés pour la société.

Qui sont les participants, « les apprentis », des trois premières promotions ?

On constate une grande diversité d’âges. Dans la promotion actuelle les apprentis sont au cœur de leur vie professionnelle entre 25 et 65 ans. La promotion précédente était composée en majorité d’étudiants et de jeunes professionnels au début de leur vie active.

Ils possèdent un fort niveau d’éducation. Au-delà des étudiants, la majorité des apprentis a accompli un cursus complet d’études universitaires. Leur motivation est de compléter cette formation par des apprentissages en sciences humaines et sociales.

La plupart possèdent déjà une forte expérience d’engagement, politique, associatif, syndical, dans les actions humanitaires ou caritatives.

La majorité d’entre eux est issue du secteur de l’entreprise privée, y compris de l’économie sociale et solidaire.

La démocratie, la fraternité, l’Europe et la Cité en commun sont au programme de cette année. Pourquoi ces choix ?

Ces thèmes constituent autant de bases de réflexion à ce qui fonde le désir d’agir, autant de ressources pour éclairer l’engagement

Nous proposons donc de mieux connaître les fondements philosophiques et éthiques des institutions démocratiques sur le plan national et européen.

De reconnaître ou définir un projet en relation avec la notion des « communs » dans la perspective de la transformation écologique et sociétale. Et de conduire un questionnement sur la valeur républicaine de la fraternité : nous sommes interdépendants, s’engager c’est contribuer à faire vivre cette interdépendance.