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Argumentaire

« Qu’il tende vers le progrès ou vers l’effondrement, nous voyons le temps sous la forme d’une flèche, et nous le supposons donc unique et linéaire, maîtrisé,
dominé, comme vu de dehors, c’est-à-dire de nulle part. Or, la crise du climat nous oblige à abandonner cette position d’extra-territorialité : de multiples temporalités y entrent en jeu – les temps cosmologique, géologique, biologique, historique, social et vécu –, qui rendent caduc le primat du temps chronologique, lequel semble les aligner sur les barreaux d’une même échelle. » (Temps-Paysage, éditions Le Pommier, 2021)

C’est sur la base de ce diagnostic que Bernadette Bensaude-Vincent, historienne et philosophe des sciences et techniques, développe une réflexion sur les racines de cette flèche du temps qui a structuré le rapport au monde à l’origine de la crise actuelle et surtout ouvre des chemins pour penser autrement ce que nous avons vécu, ce que nous visons et ce que nous pouvons vivre : elle nous invite à re-composer des « temps-paysages ». Il s’agit d’articuler les multiples temporalités qui font la trame du monde et de ceux qui l’habitent, relier « le temps qui passe » avec « le temps qu’il fait ».

Cette journée d’étude propose une large discussion avec Bernadette Bensaude-Vincent à partir de son livre et de ses propositions. La matinée sera consacrée à une discussion du livre, sous des angles philosophique, historique et théologique. L’après-midi proposera des ouvertures sur la mise en culture de cette proposition de « temps-paysages » dans le cadre de recherches empiriques en cours. En fin de journée, Isabelle Stengers et Bernadette Bensaude-Vincent échangeront dans un dialogue ouvert avec ce qui aura été discuté au long de la journée.

Bernadette Bensaude-Vincent, Philosophe et historienne des sciences, elle est professeure émérite à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Académie des technologies. Ses intérêts de recherche vont de l’histoire des sciences (en particulier de la chimie) à la philosophie des technologies émergentes en passant par l’étude des rapports sciences/public et de la tradition d’épistémologie française. Elle est autrice ou éditrice d’une trentaine de livres, notamment de L’opinion publique et la science. À chacun son ignorance (2000, 3e édition 2013), Philosophie de la chimie (De Boeck, 2019), et Carbone. Ses vies, ses œuvres (avec Sacha Loeve, Seuil, 2018).

Programme

Matin

9h Accueil
Animation : Franck Damour

9h30 Y a-t-il un temps catholique ?
François Euvé, Centre Sèvres-Paris

10h30 Paysage, milieu et habitat
Jessica Lombard, Université du Piémont Oriental Amedeo-Avogadro, consortium FINO

11h30 Entre “durées” et “régimes de temporalités” : le temps-paysage avec et par-delà Henri Bergson et François Hartog
Emanuele Clarizio, Université Catholique de Lille

Après-midi

14h Animation : David Doat

The ethics of possibility: Ethical aim in the time of algorithms
Margo Boenig-Liptsin, Institut d’Études Avancées de Paris

Les urgences trébuchantes du smart building
Laure Dobigny, Université Catholique de Lille
Gabriel Dorthe, Harvard STS, IASS Potsdam et Université Catholique de Lille

Du temps décapité à la présence au monde: un parcours
Loïs Mallet, Institut Momentum

16h30 Animation : Gabriel Dorthe

Discussion générale menée par
Bernadette Bensaude-Vincent
et
Isabelle Stengers, Université Libre de Bruxelles