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Présentation
Entre travaux scientifiques, annonces médiatiques et controverses politiques, le changement climatique n’en finit plus de remettre en question les connaissances sur les limites planétaires et le traitement que nous lui imposons (Boutaud & Gondran 2020, Boehly 2022), tout en soulignant le besoin de transformer durablement nos sociétés (Catellani & Lits 2024, Latour 2015). Mais les questions liées au climat peuvent cacher d’autres interrogations qui préexistent à cette crise, et qui révèlent durablement les paradoxes, fractures et injustices du modèle social et économique qui constitue le moteur de cette crise climatique. Ainsi, alors même que la crise climatique est parfois trop souvent abordée sous l’angle des solutions ou des atténuations pour traiter les effets – et non des révolutions à mener pour en traiter les causes (Sénéchal 2024), se posent en réalité nos représentations duales et occidentalocentrées de la nature et de la culture (Descola & Pignocchi 2022), le rapport que l’espèce humaine entretient avec une planète représentée comme ressource (Wallenhorst 2023), les liens entre diversité culturelle et biodiversité (Senabre Hidalgo et. al. 2022), la fabrique des valeurs limitées au profit ou au comptable (Graeber, 2022; Lecointe, 1997) ou encore la manière dont nous abordons les liens avec le monde vivant extra-humain, notamment animal (Blanchard, 2014, Goudet, Paveau & Ruchon 2020, Guillaume 2021).
Le but de ce colloque pluridisciplinaire en sciences humaines et sociales, ainsi qu’à d’autres disciplines, est de mobiliser plusieurs savoirs, méthodes et terrains de recherche pour poser la question des récits de transformations sociales et environnementales face à ces différents enjeux (Øyvind 2019), en les abordant à la fois à travers la question des discours (Hamon & Paissa 2023), de la communication (Libaert 2016, Moser 2010), ou encore des incitations de passage à l’action du point de vue social (Nisbet 2014), tout en maintenant le lien constant avec ces mots comme « nature », «environnement», « vivant » ou « biodiversité » qui traduisent non seulement des représentations liées à la place de cet extra-humain dont nous dépendons (Kerbrat-Orecchioni 2021), mais aussi à nos sociétés humaines et à leurs modèles sociaux, économiques et politiques (Pascual Espuny & Catellani 2021).
Ce colloque, qui s’inscrit dans le projet de recherche-action “Diagnostic analytique des récits emblématiques en circulation appliqué aux
transformations écologiques et sociétales en contexte de crise climatique – (DAREC-TES3C)”, est soutenu financièrement par l’ADEME et l’Université catholique de Lille, tout comme le projet mentionné (plus d’informations sur le projet sur : https://sysdiscours.hypotheses.org/2070). Cette recherche-action vise à produire un livrable à l’été 2025, publié sous l’égide de l’ADEME, et qui sera disponible publiquement. Dans ce sens, la définition portée à propos du récit a pour objectif d’éviter tout « narrative washing » et propose une dimension triple, à savoir (Wagener 2023) :
• un récit opérant à travers des logiques discursives et interdiscursives;
• une logique de matérialité à travers des actions spécifiques et clairement identifiables;
• une incarnation sociale par des acteurs collectifs et/ou individuels, dans des territoires spécifiques.
Dans ce sens, nous proposons d’aborder les axes suivants, de manière non exclusive et non déconnectée les uns des autres, en invitant toutes
les disciplines à dialoguer (sciences du langage, sciences de l’éducation et de la formation, sciences de l’information et de la communication, histoire, arts, sciences économiques et sciences de gestion, sociologie, anthropologie, philosophie, lettres et littérature, psychologie, éthologie, sciences de l’environnement, etc.) :
• Quels sont les traits des récits et des expériences des transformations sociales et environnementales à l’œuvre actuellement ? Quels sont les enseignements et les analyses que nous pouvons en tirer ? Que nous disent-ils des tensions sociales, des possibles évolutions de nos
sociétés, et des remises en question politiques et économiques nécessaires ?
• En quoi notre rapport au vivant extra-humain, à tout point de vue, se retrouve mis en lumière et en difficulté à travers la crise climatique ? Quelle place accordons-nous également au naturel nonvivant ? Quelle place pour les animaux reliés aux humains (domestiques, captifs et apprivoisés) par rapport aux animaux sauvages ?
• Quels récits faisons-nous des catastrophes, bouleversements et crises successives qui se trouvent en lien avec les épisodes météorologiques
extrêmes, les pollutions accidentelles, l’érosion de la biodiversité et autres récits d’effondrement ?
• Quelles sont les forces en présence qui produisent et promeuvent ces récits ? Quid des discours militants et des organisations activistes, de
leurs logiques sociales, de la manière dont elles s’interconnectent avec d’autres formes de luttes, dans une logique intersectionnelle et critique ? Quid des récits conservateurs qui résistent et produisent des contre-récits, entre déni et négationnisme climatique et biodiversitaire ?
Appel à communication
Les propositions de communication doivent être envoyées avant le vendredi 28 février 2025 sur le portail Sciencesconf : https://ecomorphoses.sciencesconf.org/
Ces propositions devront comporter :
• un titre,
• le nom de(s) l’auteur·e(s) et son affiliation,
• un résumé d’une quinzaine de lignes, des mots-clés,
• une bibliographie sélective
Les notifications d’acceptation des communications seront envoyées à partir du vendredi 4 avril 2025. Les communications sélectionnées prendront la forme d’une présentation de 20 minutes, à laquelle s’ajoutera un temps de questions.
Date limite d’envoi de l’appel à communication : 28 février 2025
Date d’acceptation : 4 avril 2025