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Présentation

Prométhée, Frankenstein, Icare ou le Golem… Bien souvent, ces figures surgissent lorsqu’il s’agit de penser ce que les humains font des techniques et ce que les techniques font des humains. On pourrait s’en étonner. Pourquoi des figures anciennes, parfois antiques, sont-elles aujourd’hui encore convoquées pour penser des évolutions technologiques récentes ? A contrario, qu’implique l’émergence de nouvelles figures, qui semblent prendre l’ampleur de mythes modernes et impliquer le besoin d’une mythogenèse contemporaine, qui nous aide à penser la technique ?

L’enjeu du colloque est d’explorer les liens entre nos imaginaires techniques, la façon dont nous construisons un ensemble de fonds culturels et symboliques liés aux développements de la technique, et l’usage ou le recours aux mythes, modernes ou antiques.

Que peuvent nous dire les mythes de nos rapports à la technique, ou de ce que nous devenons en développant et en utilisant de nouveaux objets techniques ? En quoi les grands récits mythologiques participent-ils d’un fond culturel apte à capter les enjeux contemporains de l’innovation technique ? Et quelle place revêt l’usage du mythe et sa rationalité propre, dans celle du langage scientifique, philosophique, politique ? Ces questions interrogent la réalité humaine en ce qu’elle est réalité technique, mais aussi sociale et culturelle, avec ses médiations imaginaires et symboliques.

En plus de nous introduire aux thèmes universels que sont la création, la puissance, la maîtrise ou son absence, le destin et la liberté, etc., les récits mythologiques semblent finalement exprimer une tentative de faire sens du monde qui nous entoure. Ils nous offrent une base littéraire, anthropologique et philosophique robuste pour questionner les sources de nos imaginaires techniques et nous aider à en explorer les implications ontologiques, sociales, culturelles et éthiques.

Le colloque entend ainsi non seulement interroger les enjeux contemporains de l’innovation technique à la lumière des mythes, mais aussi étudier en retour la façon dont les grands récits mythologiques peuvent être mis en abîme dans leur relation aux dimensions proprement techniques de la réalité humaine.

Programme

Jeudi 20 mars

SESSION 1 : FONDEMENTS ANTHROPOLOGIQUES ET LITTERAIRES DES MYTHES TECHNIQUES :

9h00 : Accueil des participants et du public

9h20 : Mot d’ouverture et présentation des journées par les organisateurs

9h30-10h10 : Arthur Houplain (Université de Bâle) : Le mythe de Prométhée et la littérature comme observatoire du démiurgisme technique.

10h10-10h50 : Charles Corval (Sciences Po – CEVIPOF) : Le don de Pygmalion : un épisode mythologique pour ouvrir à un nouvel horizon politique matérialiste ?

10h50-11h05 : Pause

11h05-11h45 : Karin Ueltschi (Université de Reims Champagne-Ardenne) : Science ou magie ? La prouesse technologique à l’épreuve d’une hésitation épistémologique.

11h45-12h25 : Quentin Mur (IRI – Institut de Recherche et d’Innovation) : « Nous sommes tous élisabéthains », Mythe, mal et technique chez Marlowe et Shakespeare.

12h30-13h45 : Pause déjeuner

SESSION 2 : ILLUSIONS, MACHINES ET OBJETS TECHNIQUES, UNE HISTOIRE APPLIQUEE DU MYTHE

14h00-14h40 : Anthony Saudrais (Université de Rouen) : Le mythe au service d’un imaginaire technique sous le règne louis-quatorzien : Médée dans le répertoire à machines.

14h40-15h20 : Sarah Nechtschein (chercheuse indépendante) : Mythes de la création en parfumerie. Mètis, Hermès, Démiurge.

15h20-16h00 : Aurélien Fouillet (ENS Paris Saclay/ENSCI Les Ateliers) : Jean-Eugène Robert-Houdin, maître des illusions : Pour une autre généalogie mythique de nos imaginaires techniques.

16h00-16h15 : Pause

16h15-16h55 : Lionel Obadia (Université de Lyon 2) : Petit essai d’onomastique robotique : De Talos (Héphaïstos) à Talos (Pal robotics), ou les abus et circularités du mythe.

16h55-17h35 : Yves Laberge (Université d’Ottawa) : Le narratif de l’intelligence artificielle. Considérations culturelles, éthiques et transdisciplinaires.

Vendredi 21 mars

SESSION 3 : UNE MYTHOGENESE EXPERIMENTALE : LA NAISSANCE DE MYTHES MODERNES, OU LA MODERNISATION DE MYTHES ANCIENS ?

8h30 : Accueil des participants et du public.

8h50 : Mot d’ouverture de la deuxième journée par les organisateurs.

9h00-9h40 : Luis Espericueta (Université de Grenade) : L’éthique et la technique non anthropocentriques dans les mythologies mésoaméricaines des peuples nahuas et mayas.

9h40-10h20 : Jean Autard (EHESS – CeRCLes) : La Science-fiction comme mythe accompagnant le déferlement technologique ?

10h20-10h35 : Pause

10h35-11h15 : Marvin Ceinos Dumont (Université de Montréal) : Implantation de la Blockchain dans les services publics.

11h15-11h55 : Camille Darche (CNRS – LESC) : Si le mythe est « la vérité crue de l’autre », comment croire à ses propres mythes ?

12h00-13h15 : Pause déjeuner

SESSION 4 : TECHNIQUES ET RITUELS MEDICAUX : LITTERATURES ET POLITIQUES DES MYTHES THERAPEUTIQUES ET FUNERAIRES

13h15-13h55 : Isabelle-Rachel Casta (Université d’Artois) : Les mythes vindicateurs dans l’exercice médico-légal : les Tisiphone des UMJ.

13h55-14h35 : Morgane Blain (ENS Lyon) : Comment les mythes transhumanistes bouleversent l’accès des personnes handicapées à des thérapies innovantes ? Le cas de l’usage des neuroprothèses non-invasives en sport, à partir d’une recherche de terrain.

14h35-15h15 : Laurent Vercueil (Université Grenoble Alpes) : Ovide 2.0 : Le corps des passions au temps des neurotechnologies restauratives et augmentatives.

15h15-16h00 : Clôture générale du colloque