SEMINAIRE CEM : Peut-on quantifier le care?

Le « care », comme disposition et pratique, est bien souvent présenté comme un « travail inestimable » (Jean Oury), résistant à toute forme d’objectivation. De plus, l’éthique du care se définirait comme une « théorie non idéalisée » (Eva Feder Kittay), prenant la forme d’une éthique contextuelle non formalisable et rejetant toute forme de protocolisation du bien prendre soin. La problématique de la « quantification » du care constitue sans nul doute un des lieux de cristallisation de ces critiques et résistances. Le care serait tout entier dans la « démesure » (Pascale Molinier).

Ce séminaire entend se consacrer à cette problématique. Quels sont les arguments qui plaident pour cette démesure du care ? S’agit-il de voir en lui une dimension de gratuité inéliminable, relevant de la logique du don ? Cette démesure ne renvoie-t-elle pas plutôt à « l’inévaluable » de ce travail (Ogilvie), qui repose sur le hiatus irréductible entre le prescrit et le réalisé ?

Néanmoins, le care n’est-il pas institutionnellement et quotidiennement mesuré : calcul du temps de travail, management des organisations médicosociales et de santé, démarches Qualité, Tarification à l’Activité, Allocation Personnalisée d’Autonomie, Prestation de Compensation du Handicap, évaluations de la satisfaction, de la Qualité de Vie et du bien-être, etc. ? La quantification désignet-elle une forme de contrôle renforcé du travail de care, ou permet-elle une forme de négociation entre les acteurs, qui rend visible et met en débat des enjeux du care, dont un des traits est sa « discrétion » (Molinier) ? Alain Desrosières ne soulignet- il pas en effet que « quantifier = convenir + mesurer » et que, dès lors, quantifier implique toujours de prendre appui sur des conventions sociales ?

 

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