Aux sources du cyberespace et des sciences de la complexité - Jacques Print, professeur émérite du Cnam, Professeur invité du Centre Sèvres

Aux sources du cyberespace et des sciences de la complexité - Jacques Print, professeur émérite du Cnam, Professeur invité du Centre Sèvres

Le cyberespace qui se construit sous nos yeux n’aurait pas pu exister sans l’invention d’une machine qui n’aurait jamais du fonctionner tant les obstacles pour la construire étaient nombreux : l’ordinateur, le computing instrument de von Neumann, que chacun manipule quotidiennement, le smartphone de la « Petite Poucette » de Michel Serres.

Pour savoir où l’on va, mieux vaut savoir d’où l’on vient !

Nous allons examiner comment et pourquoi ce qui paraissait impossible a été réalisé, et comment cela a pu faire naître un sentiment de toute puissance, chez les usagers et les commanditaires. La Guerre Froide dont on a oublié qu’elle avait perduré jusqu’au collapsus de l’URSS, avait porté au dépassement l’élite technoscientifique occidentale, que ce soit le projet Manhattan dont l’ordinateur est une retombée, le programme spatial orchestré par la NASA qui a vu naître la microélectronique, ou encore le projet du CERN sur les ruines de l’Europe, qui a donné naissance au premier cyberespace pacifique avec l’invention du Web.

Dans ces conférences nous aurons l’occasion de croiser le destin de scientifiques qui ont joué un rôle de premier plan : John von Neumann, le « prophète du 21ème siècle » ; Norbert Wiener, inventeur de la cybernétique et promoteur de l’ « usage humain des êtres humains » ; Alan Turing, le briseur de code de la machine ENIGMA, un destin tragique pour celui dont on dit qu’il a sauvé des millions de vies lors de la Seconde Guerre mondiale ; et aussi Claude Shannon, l’inventeur des codes correcteurs d’erreurs, sans lesquels aucune de nos machines ne survivrait plus de 5 minutes aux aléas de l’environnement.

Pour résoudre les problèmes auxquels les démocraties étaient confrontées, il fallait calculer, vite, communiquer, vite, sans erreur, comprendre les pannes ; il fallait intégrer les technologies et coordonner les efforts de millions d’ingénieurs qui ont conçu et exploité les systèmes sans lesquels nous n’aurions pas survécu aux totalitarismes.

En 1950, le métier de programmeur n’existait pas ; aujourd’hui, ceux-ci sont des millions. Ils sont un enjeu stratégique, on se les arrache… et les États-Unis ont organisé un brain drain sur toute la Planète. Mais encore faut-il contrôler leur activité et pour cela comprendre ce qu’ils font. Grâce à l’ingénierie logiciel, une science créée de toute pièce, avec ses langages, on peut « tout essayer » à une vitesse fulgurante. Mais peut-on défaire ce qui a été installé si à l’usage cela s’avère dangereux ? Comment contrôler « ces algorithmes qui nous gouvernent », mais surtout ceux qui les font et leurs commanditaires ? Comment mettre les STIC/NBIC à notre service, et non l’inverse ?

Autant de problèmes d’éthique auxquels il est urgent de réfléchir. Von Neumann, peu de temps avant sa mort, en 1955, nous a donné une clé, dans son article Can we survive technology? Au magazine Fortune : “We can specify only the human qualities required: patience, fl exibility, intelligence”. Tel est l’enjeu de ce cycle de conférences.

 

Conférence animée par Jacques PRINTZ :  Après une carrière industrielle qui l’a conduit à être l’un des directeurs R&D du projet de système d’exploitation GCOS7 chez Bull, puis directeur de l’Agence Défense chez CGI/ CR2A, Jacques Printz a été élu professeur au CNAM, Chaire de Génie Logiciel, où il est professeur émérite. Il est depuis 2015 professeur invité aux Facultés Jésuites du Centre Sèvres, Chaire Teilhard de Chardin. Il a publié une dizaine d’ouvrages.

 

Programme détaillé du cycle de conférence : Aux sources du cyberespace et des sciences de la complexité_ Jacques Printz